Underworld - Dubnobasswithmyheadman
Retour en musique puisque ce soir je désirerais m’entretenir avec vous d’un disque qui a changé le cours de ma vie.
Dubnobasswithmyheadman, c’est aussi un univers graphique, où la typographie devient dessin, où les lettres deviennent formes comme les mots deviennent sons. L’album a maintenant 14 ans, et pourtant il est toujours aussi moderne et neuf. Dirty Epic figure dans la plupart des classements « meilleures chansons des 90’s » « meilleurs morceaux du XXe siècle » « classement rock » « classement techno »… Dirty Epic est tellement universel que même mes parents apprécient. Et j’en veux pour preuve mon père qui m’a accompagné à un concert de 3 heures et qui a franchement trippé sa mère (désolé mamie) puisqu’il m’a demandé tous les CD ensuite.
Mars 1999, pour mon anniversaire, un ami plein de bonnes intentions m’offre Beaucoup Fish de Underworld. Je connaissais ce groupe uniquement grâce aux compils dance des années 90 où figurait toujours Born Slippy, l’hymne techno des boums adolescentes qui clôt le film Trainspotting. Je me souviens que Beaucoup Fish faisait tache au milieu de ma collection de CD de Sepultura, Pantera et autres groupes de chevelus tatoués. Pourtant au fil des écoutes je découvre un feeling, une voix étrange qui scandent des paroles étranges, ce qui est assez étrange pour de la techno. C’est cette voix, celle de Karl Hyde, qui fait que Underworld ne sera jamais considéré comme de la techno.
Rentrée scolaire 1999, on a un nouveau dans la classe, Gaétan. Ce mec était aussi bizarre qu’une carte du monde australienne. Ce qui faisait de lui mon super pote de terminale, le genre de meilleur ami pour la vie le temps d’une année. Et dans son infinie sagesse, il m’a prêté tous les albums d’Underworld (car c’était est un homme de goût). J’avais désormais accès au pouvoir absolu, c’était mon Eve qui me proposait la pomme de l’arbre de la connaissance. Et innocemment j’ai croqué.
Je glisse Dubnobasswithmyheadman dans mon lecteur sans trop savoir à quoi m’attendre. Première écoute fade, sans saveur, je ne découvrais rien de transcendant, une sorte de gris musical. Je persiste mais rien n’y fait, je ne trouve rien de surprenant. J’en parle à Gaétan et il me dit « écoute juste la 6, Dirty Epic ».
Underworld - Dirty Epic
Underworld - Dirty Epic
Les paroles sont très évasives, comme pour tous les titres d’Underworld, la chanson parle d’hiver, de pluie, d’un homme seul au téléphone rose qui se sent sale, les rares lumières dans la nuit lui brûlent les yeux, et d'un Christ qui apparaît avec des béquilles. Dirty Epic, sale épopée, l’histoire de la solitude d’un homme loin de l’amour et qui se noie dans la télévision, le porno et l’alcool. Sale épopée. Mais en 10 minutes de musique l’horizon se dessine, le soleil se lève, et finalement le piano s’envole en emportant avec lui tout le malheur d’une vie en jachère.
Dirty Epic est une chanson comme on en fait peu. Elle est tellement importante dans la vie d’Underworld qu’elle n’a été jouée en live qu’à partir de 2002, et une vingtaine de fois en tout. J’ai eu la chance de l’écouter au Bataclan, les larmes aux yeux. Ce morceau m’accompagne depuis plus de 7 ans, comme un talisman, comme la BO de ma vie ; quand il arrive quelque chose d’important dans ma vie je l’écoute, il me ressource. Quand je suis triste il me relève, que je suis heureux il me consolide.
Dirty Epic fut ma porte d’entrée pour le monde du dessous, j’avais découvert un mystère de la vie, j’avais enfin accès à un nouvel Eden. Chaque morceau de Dubnobasswithmyheadman devenait peu à peu un tableau sonore de la vie urbaine, on y retrouve le subway londonien (Dark & Long), les gratte-ciels (Skyscraper I love you), le béton des trottoirs (River of Bass), la prostitution (Cowgirl), et finalement on arrive à un retour à la nature (Mother Earth).
Les années 90 sont consignées dans ce disque, la froideur des villes et pourtant sa vie, l’anonymat des rues mais l’humanité des sentiments, la solitude parmi des millions d’individus.
Sorti en 1994, Dubnobasswithmyheadman est un disque réfléchi, mûri, préparé pendant plus de deux ans et accueilli dans l’indifférence la plus totale. A l’origine Underworld est un groupe de New Wave de mauvais goût, avec un son 80’s difficilement écoutable aujourd’hui. Avec l’arrivée de la techno sur le territoire anglais, le groupe décide de mettre du vin dans sa soupe et mâtine sa pop d’une énergie électronique nouvelle. Dirty est l’un des premiers tracks techno du groupe et se révèle être une première mouture instrumentale de Dirty Epic, qui finalement n’est qu’un remix d’un morceau moyen. Mother Earth sort en vinyl en 1992 à 500 exemplaires vendus dans le coffre d’une voiture… Je vous fais grâce de la valeur actuelle de ce collector.
L’histoire d’Underworld est intimement liée au réalisateur anglais Danny Boyle. Lorsque celui-ci commence l’élaboration de son chef d’œuvre Trainspotting, son idée première est donner vie à Dubnobasswithmyheadman. Il veut que le film soit entièrement rythmé par l’album, que la BO du film soit Dubno. Les producteurs hurlent au suicide commercial et cette idée est mise au rencard. Finalement les producteurs ont eu raison, Boyle demande à Underworld un inédit (Born Slippy) qui offrira la gloire au groupe. Depuis, chaque film de Danny Boyle est du pain béni pour les fans, puisqu’il y a très souvent un inédit (Oh dans Une vie moins ordinaire, 8 Ball dans La plage). Mon rêve s’est réalisé il y a peu, puisqu’Underworld a écrit toute la BO de Sunshine, son dernier film.
Sunshine
Dubnobasswithmyheadman, c’est aussi un univers graphique, où la typographie devient dessin, où les lettres deviennent formes comme les mots deviennent sons. L’album a maintenant 14 ans, et pourtant il est toujours aussi moderne et neuf. Dirty Epic figure dans la plupart des classements « meilleures chansons des 90’s » « meilleurs morceaux du XXe siècle » « classement rock » « classement techno »… Dirty Epic est tellement universel que même mes parents apprécient. Et j’en veux pour preuve mon père qui m’a accompagné à un concert de 3 heures et qui a franchement trippé sa mère (désolé mamie) puisqu’il m’a demandé tous les CD ensuite.
Quand j’écoute ce disque, je me sens à l’étroit dans mon 501. (the emptiness in my 501…)
Tracklist :
1. Dark & Long (7:35)
2. mmm Skyscraper I love you (13:08)
3. Surfboy (7:33)
4. (4:49)
5. Tongue (4:49)
6. Dirty Epic (9:56)
7. Cowgirl (8:25)
8. River of bass (6:26)
9. M.E. (7:09)
Infos :
Junior boy's Own, 1993
Myspace Underworld
Site officiel Underworld
PS : Comme vous l'imaginez, j'ai écouté l'album 3 fois en écrivant ce texte.
PPS : Pour les plus aveugles, je viens d'expliquer l'histoire de mon pseudo (ce que les gens aiment découvrir sur internet)
Tracklist :
1. Dark & Long (7:35)
2. mmm Skyscraper I love you (13:08)
3. Surfboy (7:33)
4. (4:49)
5. Tongue (4:49)
6. Dirty Epic (9:56)
7. Cowgirl (8:25)
8. River of bass (6:26)
9. M.E. (7:09)
Infos :
Junior boy's Own, 1993
Myspace Underworld
Site officiel Underworld
PS : Comme vous l'imaginez, j'ai écouté l'album 3 fois en écrivant ce texte.
PPS : Pour les plus aveugles, je viens d'expliquer l'histoire de mon pseudo (ce que les gens aiment découvrir sur internet)